22. Phonologie


22.1. Voyelles

22.2. Consonnes

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22.1. Voyelles


22.1.1. Phonèmes vocaliques 

22.1.2. Assimilation des voyelles

22.1.2.1. Assimilation progressive des voyelles (AŞ ~ ÇX)(AK)

22.1.2.2. Assimilation régressive des voyelles (AK)(ÇX)

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22.1.1. Phonèmes vocaliques


En laz, on distingue cinq phonèmes vocaliques : /a/, /e/, /i/, /o/ et /u/.


Ex. : aşi (six) ; eçi (vingt) ; iri (tous) ; okosale (balai) ; uça (noir)

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22.1.2. Assimilation des voyelles

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22.1.2.1. Assimilation progressive des voyelles (AŞ ~ ÇX)(AK)


Quelques très rares cas d’assimilation progressive des voyelles existent en laz. Mais ils ne sont pas observés dans tous les dialectes.


muti (PZ ~ ÇM); mutu (AŞ ~ ÇX)(AK) : quelque chose

mu-ti (PZ ~ ÇM); mu-tu (AŞ ~ ÇX)(AK) : quoi que ce soit


işipons (AK) : il se mouche

upons (AK)(*) : il mouche (autrui)


●●● (*) Dans ce mot, c’est la voyelle accentuée qui est assimilée par une autre.

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22.1.2.2. Assimilation régressive des voyelles (AK)(ÇX)


[1] Dans les dialectes de Çxala et d’Akçakoca, la première voyelle du préverbe {dolo-} est régulièrement assimilée régressivement devant /i/ et /u/.


dilimers (AK), dilimars (ÇX) : il descend qc dans un endroit ou un récipient verticalement profonds

duluk’ançxeps (AK), duluk’vançxups (ÇX) : il coupe du pain en petits morceaux et les mets dans du lait, du yaourt ou de la soupe


[2] Dans les dialectes d’Akçakoca, la première voyelle des préverbes {ok’o-} et {oxo-} est régulièrement assimilée régressivement devant /u/.


uxuşkumers (AK) : il lâche (des animaux dans la nature)

uk’ungapan (AK) : ils se ressemblent

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22.2. Consonnes


22.2.1. Phonèmes consonantiques

22.2.2. Groupe consonantique

22.2.3. Neutralisation des phonèmes consonantiques

22.2.4. Assimilation des phonèmes consonantiques

22.2.5. Consonnes géminées hors assimilation

22.2.6. Consonne épenthétique /y/ [j]

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22.2.1. Phonèmes consonantiques


Tableau des phonèmes consonantiques lazes





A

B

C

D

E

F

G

H

occlusives

nasales

sonores et sourdes

m


n [n] [ŋ]



explosives

sourdes

non-éjectives

p


t


ky [ki]

k



éjectives

p’


t’


ky’ [ki’]

k’



sonores

b


d


gy [gi]

g [g]



affriquées

sourdes

non-éjectives



3 [ts]

ç [t∫]





éjectives



3’ [ts’]

ç’ [t∫’]





sonores



z* [dz]

c [d3]





non-occlusives

fricatives

sourdes

non-éjectives


f

s

ş [∫]



x [χ]

h

éjectives







x’ [χ’]


sonores


v

z

j [3]



ğ [γ]


approximantes

sonores

[w]



r

y [j]




latérale

sonore




l





A : Bilabiales B : Labiodentales C : Alvéolaires D : Postalvéolaires E : Palatovélaires F : Vélaires G : Uvulaires H : Glottale


La consonne approximante bilabiale [w] est une des variantes du phonème /v/.


Le phonème représenté par la lettre “r” n’est pas une vibrante. C’est une approximante apicale postalvéolaire. [Le Document massacré (p. 419) décrit une variante vibrante de ce phonème. Nous ne l’avons pas rencontré.]


Les consonnes occlusives palatovélaires /ky/, /ky’/ et /gy/ sont observées uniquement dans les dialectes centraux et orientaux. L’opposition entre /ç/ et /ky/, entre /ç’/ et /ky’/ et entre /c/ et /gy/ n’existe pas dans les dialectes occidentaux (= ceux de Pazar-Çamlıhemşin-Ardeşen).


La consonne éjective fricative uvulaire /x’/ n’est observée que dans les dialectes de Hopa et de Çxala ainsi que dans ceux parlés par des migrants originaires de ces deux localités. Ce phonème a disparu dans les autres dialectes où il est parfois remplacé par /k’/.


●●● Ce phonème est décrit à tort comme une “consonne éjective occlusive uvulaire” dans beaucoup de publications qui le représentent par la lettre Q, q”. [La même erreur est reproduite dans le Document massacré (p. 412) selon laquelle une des variantes de ce phonème serait occlusive.]

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22.2.2. Groupe consonantique


22.2.2.1. Groupe consonantique en début de mot

22.2.2.2. Groupe consonantique intervocalique

22.2.2.3. Groupe consonantique en fin de mot

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22.2.2.1. Groupe consonantique en début de mot


En laz, jusqu’à quatre consonnes peuvent se succéder en début de mot. La quatrième consonne est obligatoirement l’archiphonème /v/.


msk’va (PZ)(ÇM)(AŞ) : beau

mskva (FN)(AH)(HP(ÇX) : beau

mçxvapa (PZ)(AH)(HP) : (air) chaud

nçxvapa (ÇM)(AŞ) : (air) chaud

p’t’k’vi (PZ ~ AŞ)(AH-Pilarget) : j’ai dit

ptkvi (FN ~ ÇX) : j’ai dit

pçxvarum (FN)(AH) : je mouline


En début de mot, les consonnes nasales /m/ et /n/ sont désonorisées devant consonne sourde.

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22.2.2.2. Groupe consonantique intervocalique


Jusqu’à quatre consonnes peuvent se succéder à l’intervocalique également. Mais la quatrième consonne n’est pas obligatoirement l’archiphonème /v/.


num3’k’rams (FN-Ç’anapet) : il respecte qn

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22.2.2.3. Groupe consonantique en fin de mot


Le nombre de consonnes qui peuvent se trouver en fin de mot laz est limité à deux au maximum.


[1] En fin de substantifs et de pronoms (autres que les pronoms personnels), seules les consonnes /k/, /s-z/ et /ş/ peuvent apparaître en tant que suffixes casuels dans la plupart des dialectes. Dans les dialectes de Çamlıhemşin-Ardeşen où les marques de cas ergatif, datif et locatif ont disparu, le seul suffixe casuel consonantique est {} qui est une variante de la marque de génitif {-şi}.


En outre, dans les dialectes de Çamlıhemşin et certains dialectes d’Arhavi (Pilarget, Sidere, Jin-Napşit), d’autres consonnes seules et quelques groupes de deux consonnes sont observés en fin de substantifs à l’absolutif.


Ğvant (ÇM) : le nom laz du village de Çayırdüzü

topri ~ topr (ÇM) : miel


[2] En fin d’adjectifs numéraux, les consonnes /m/, /r/ et /t/ sont observées dans tous les dialectes.


ar : 1

jur, cur : 2

sum : 3

şk’it, şkit, şkvit : 7

vit : 10


Ces adjectifs prennent souvent la forme avec /-i/ (= ari, juri, sumi, şk’iti, şkiti, şkviti, viti) à l’emploi nominal.


[3] En fin de quelques adverbes, l’archiphonème /s-z/ est observés dans les dialectes autres que ceux de Çamlıhemşin-Ardeşen.


mundes ~ mundez : quand


[4] En fin de verbes, les groupes consonantiques suivants sont observés : /m/ ~ /p/, /ms/ ~ /ps/, /mt/ ~ /pt/, /n/, /ns/, /nt/, /r/, /rs/, /rt/, /l/, /ls/, /lt/, /s-z/, /t/ et, uniquement dans les dialectes de Pazar-Çamlıhemşin-Ardeşen, /y/. (Seulement /m/, /n/, /r/ et /y/ à Çamlıhemşin-Ardeşen).

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22.2.3. Neutralisation des phonèmes consonantiques


La neutralisation des phonèmes consonantiques a lieu uniquement en début de mot et à l’intervocalique.


22.2.3.1. Consonne + archiphonème /v/

22.2.3.2. Archiphonème /s-z/ en fin de mot

22.2.3.3. Occlusive + occlusive

22.2.3.4. Occlusive + fricative (autre que /v/)

22.2.3.5. Fricative (autre que /v/) + fricative (autre que /v/)

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22.2.3.1. Consonne + archiphonème /v/ (= [v] + [f] + [w])


Il n’y a pas d’opposition phonologique entre les phonèmes /v/ et /f/ s’ils sont précédés d’une autre consonne (*). Les variantes de l’archiphonème sont [v] et [w] après consonne sonore, et [v] [f] [w] après consonne sourde.


kva = [kva], [kfa], [kwa] : caillou, pierre, roche

makvali = [makvali], [makfali], [makwali] : œuf

pşvi = [p∫vi], [p∫fi], [p∫wi] : (1) j’ai bu ; (2) j’ai tressé


(*) Tous les locuteurs prononcent [f] dans de très rares mots. Le premier exemple ci-dessous est un mot-symbole fait de deux syllabes quasi-identiques comparable aux expressions françaises “train-train” ou “à la saint glinglin”. Les exemples suivants sont de mots d’emprunt récent utilisés par des bilingues laz-turc.


farfalams/ farfalay (PZ)(ÇM)(AŞ-Ortaalan) : il luit ; il brille

mutfaği : cuisine

asfalti : asphalte

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22.2.3.2. Archiphonème /s-z/ en fin de mot


Dans les dialectes de Pazar et de Fındıklı-Arhavi-Hopa-Çxala, [s] et [z] sont observés en fin de mots dans les cas ci-dessous sans qu’il n’y ait d’opposition pertinente entre les deux consonnes. Les phonèmes /s/ et /z/ forment ensemble un archiphonème dans cette position.

[1] Marques de datif et de locatif des substantifs et des pronoms (non-personnels)

[2] Marque de troisième personne singulier à l’imperfectif

[3] Marque de troisème personne pluriel au perfectif

[4] Marque de troisième personne singulier à l’optatif

[5] En fin de certains adverbes


oxoris ~ oxoriz : à la maison

hinis; henterez ~ henteres; hentepez ~ hentepes : à eux

ikums (PZ); ikomz ~ ikoms (FN ~ HP-P’eronit) : il fait

ides ~ idez : ils sont allés

mundes ~ mundez : quand

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22.2.3.3. Occlusive + occlusive


Lorsque deux consonnes occlusives se succèdent dans un mot laz, elles sont soit toutes les deux sonores soit toutes les deux sourdes non-éjectives soit toutes les deux éjectives.


bdgur (PZ)(ÇM)(AŞ); bdgir (FN)(AH)(HP)(ÇX) : je suis debout

ptkumer (HP); ptkumar (ÇX) : je dis

ptkvare (FN)(AH); ptkvaminon (HP)(ÇX) : je dirai

p’t’k’vare (PZ)(ÇM)(AŞ)(AH-Pilarget) : je dirai


De même, lorsque deux consonnes occlusives se trouvent côte à côte à la jonction de deux mots ou d’un mot et d’un suffixe qui forment une unité rythmique (= qui se prononce d’une seule traite) comme dans le cas de succession {verbe + postfixe}, l’assimilation régressive est telle qu’elles deviennent soit toutes les deux sonores soit toutes les deux sourdes non-éjectives soit toutes les deux éjectives. (***)


mepşvent’it (FN)(AH) : j’attendais qu’il vienne

mepşvent’it’k’o (FN)(AH) : si seulement nous attendions qu’il vienne !


(***) Exception ! : Il n’y a pas d’assimilation si le dernier mot ou suffixe commence par le phonème /d/. Par contre, on observe une intéressante éjectivisation dans les exemples [1] cidessous. Remarquez également la forme vit’var qui suggère une des mannières dont le phonème /v/ se produit en laz.


[1] vit-do-otxo (PZ-Cigetore)(AŞ-Ok’ordule) : 14 (quatorze)

vit’o-otxo ~ vit’otxo (PZ)(ÇM)(FN)(AH)(HP)(ÇX) : 14 (quatorze)

vit-do-ar (PZ-Cigetore)(AŞ-Ok’ordule) : 11 (onze)

vit’o-ar (PZ)(ÇM)(AH)(HP)(ÇX) : 11 (onze)

vit’var (FN)(AH) : 11 (onze)


[2] idit-doren (FN)(AH) : il paraît que vous êtes allés

bidit-dort’un (FN)(AH) : nous étions allés

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22.2.3.4. Occlusive + fricative (autre que /v/)


Dans la succession de consonne occlusive et de consonne fricative autre que /v/ dans un mot ou une unité rythmique, les consonnes fricatives sonores peuvent se trouver uniquement avant ou après consonne occlusive sonore tandis que les fricatives sourdes peuvent se trouver uniquement avant ou après consonne occlusive sourde (éjective ou non-éjective).


bjguram (PZ)(ÇM) : je fais cramer

bzdam (PZ)(ÇM), bzdum (AŞ) : je tire

bzdum (FN), bzdim (AH) : je porte une charge

z*ğala (FN ~ ÇX) : satiété


pst’ur (PZ ~ AŞ), pstur (FN ~ ÇX) : je glisse

pşk’omare (PZ ~ AŞ) : je mangerai

3xeni/ n3xeni : cheval


Les consonnes occlusives sourdes se trouvant après consonne fricative sourde dans un mot ou une unité rythmique deviennent régulièrement éjectives dans les dialectes occidentaux (Pazar, Çamlıhemşin, Ardeşen) et non-éjectives dans les dialectes centraux (Fındıklı, Arhavi) et orientaux (Hopa, Çxala).


şk’a (PZ ~ AŞ) : hanches

moxt’u (PZ ~ AŞ) : il est venu

mundes- + -ti > mundes-t’i (ÇM ~ AŞ) : quel que soit le moment


şka (FN ~ ÇX) : hanches

moxtu (FN ~ ÇX) : il est venu

moxtez/ moxtes + -k’o > moxtesko (FN)(HP) : si seulement ils étaient venu !

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22.2.3.5. Fricative (autre que /v/) + fricative (autre que /v/)


Dans la plupart des dialectes laz, deux consonnes fricatives (autres que /v/) ne se trouvent l’une après l’autre que qu’à la jonction des morphèmes composant des unités rythmiques. Dans tous les cas, les fricatives successives sont soit toutes les deux sonores soit toutes les deux sourdes.


●●● Dans le cas de la succession /s-z/ + /ş/ à la jonction des morphèmes à l’intérieur d’unités rythmiques, l’assimilation régressive a lieu régulièrement et la gémination /şş/ est souvent réduite en une seule consonne /ş/.


var-moxt’es- + -şa > var-moxt’e(ş)şa (PZ ~ AŞ) : avant qu’ils ne viennent

var-moxtez- + -şa > var-moxte(ş)şa (FN ~ ÇX) : avant qu’ils ne viennent

mundez/ mundes + şkule > munde-şkule (FN ~ HP) : combien de temps après


● Quelques rares cas de succession de deux fricatives à l’intérieur d’un mot simple sont observés dans un petit nombre de dialectes. (*)

nsxuluy (ÇM) : il sépare les fibres de chanvre de la tige

sxonuy (AŞ-Ortaalan) : il se peigne

k’uşxe (AŞ-Dutxe) : pied, jambe

(*) Sxonuy correspond à 3xons/ 3xonums dans d’autres dialectes, et k’uşxe à k’uçxe. Il est donc fort probable que ces cas de succession de fricatives sont le résultat d’une évolution phonétique récente et qu’il n’en existait pas dans le vieux laz.

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22.2.4. Assimilation des phonèmes consonantiques


L’assimilation des phonèmes consonantiques a lieu uniquement dans des groupes consonantiques à l’intervocalique.


22.2.4.1. Gémination résultant d’une assimilation régressive (FN)

22.2.4.2. Gémination résultant d’une assimilation progressive (AŞ)(ÇX)

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22.2.4.1. Gémination résultant d’une assimilation régressive (FN)


Dans les dialectes de Fındıklı, le phonème /r/ est fréquemment assimilé régressivement par les consonnes alvéolaires et postalvéolaires.


orz*o > oz*z*o : escabeau

moxtu-dort’un > moxtu-dot’t’un : il était venu

gverdi > gveddi : moitié ; demi

oxorca > oxocca : femme ; épouse

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22.2.4. 2. Gémination résultant d’une assimilation progressive (AŞ)(ÇX)


Dans les dialectes d’Ardeşen et de Çxala, l’archiphonème /v/ est fréquemment assimilé progressivement par /m/.


amvalen > ammalen (AŞ)(ÇX) : il peut entrer

gamvalen > gammalen (AŞ)(ÇX) : il peut sortir

ho- + -mvalen > hommalen (ÇX) : il peut venir

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22.2.5. Consonnes géminées hors assimilation


22.2.5.1. Gémination à l’intervocalique (ÇM ~ AH)

22.2.5.2. Gémination paraissant se produire en début de mot (FN)

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22.2.5.1. Gémination à l’intervocalique (ÇM ~ AH)


[1] Dans les dialectes de Çamlıhemşin-Ardeşen, les consonnes sourdes avant ou après voyelle accentuée sont fréquemment géminées. Ce phénomène peut être interprété comme une des caractéristiques de l’accent dans ces dialectes.


p’ut’uci/ p’ut’t’uci (ÇM)(AŞ) : abeille

t’ut’uci/ t’ut’t’uci (ÇM)(AŞ) : ortie

3’endeç’i/ 3’endeç’ç’i (ÇM)(AŞ) : chaussettes

vrosi/ vrossi (ÇM)(AŞ) : bon ; bien

domi3’u/ domi3’3’u (ÇM)(AŞ) : dis-moi


[2] Dans les dialectes de Fındıklı-Arhavi, quelques rares cas de consonnes sourdes géminées sont observés avant voyelle accentuée.


k’uk’k’u (FN)(AH) : coucou

haşşo (AH) : de cette manière-ci ; come ceci

heşşo (AH) : de cette manière-là ; comme cela

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22.2.5.2. Gémination paraissant se produire en début de mot (FN)


On trouve l’expression suivante dans “Lazuri P’aramitepe (= contes lazes)” (Nurdoğan Demir Abaşişi, İstanbul, 2005) à la page 172.


ma si k’k’orom (FN-Sumla) : je t’aime


L’auteur que nous avons contacté par téléphone dit : « J’ai préféré écrire deux k’ parce qu’on prononce souvent en une souffle ma si-k’k’orom quand on veut s’exprimer avec force. » Contrairement à ce que l’orthographe laisse penser à première vue, la gémination se produit à l’interieur d’une unité rythmique entre deux voyelles.

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22.2.6. Consonne épenthétique /y/ [ j ]


22.2.6.1. komoxti-y-i ?

22.2.6.2. /y/ apparaissant à la disparition de /r/ etc

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22.2.6.1. komoxti-y-i ?


Lorsqu’une voyelle se trouve avant le postfixe {-i} (= marque d’intérrogation), on entends parfois un faible /y/ (= [j]) entre les deux voyelles. C’est une semi-voyelle épenthétique sans fonction sémantique.


komoxti-y-i ? (= komoxti-i ?) : es-tu venu ?

igzalu-y-i ? (= igzalu-i ?) : est-il parti ?


Dans notre ouvrage, ainsi que dans le “Dictionnaire laze http://ayla7.free.fr/laz/index.html”, nous avons opté pour le principe de ne pas écrire cette semi-voyelle facultative.

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22.2.6.2. /y/ apparaissant à la disparition de /r/ etc


Le phonème /y/, qui apparaît fréquemment là où les phonèmes tels que /r/ et /x’/ ou des groupes consonantiques comme /x’v/ ont disparu à l’intervocalique, est également une semi-voyelle épenthétique. (*)


mtu(y)i (ÇM-Mek’alesk’irit) : rat ; souris

cf : mtuci (PZ), mturi (FN-Ç’anapet), mtugi (FN ~ ÇX)


iyen (PZ)(ÇM)(AŞ)(FN-Ç’anapet) : il devient

cf : iven (FN)(AH) ; ixven (HP)(ÇX)


(*) Cette analyse ne concerne pas le morphème {-y} apparaissant à la place de {-ms}, {-rs} etc en fin de mot dans les dialectes de Pazar-Çamlıhemşin-Ardeşen.


●●● Il arrive que /y/ apparaisse là où le phonème /x’/ a disparu à l’initiale d’un verbe comme l’exemple ci-dessous.


azums (FN) ~ yazums (PZ) : il scie ; il rabote

cf : x’azums (HP)(ÇX)


Il ne s’agit évidemment pas d’une semi-voyelle épenthétique. Mais il est fort probable que ce phonème est apparu dans certains dialectes par analogie avec les formes du mode potentiel du même verbe.


aazen (FN) ~ ayazen (PZ) : il peut scier ; il peut raboter

cf : ax’azen (HP)(ÇX)

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